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fécond, et engendre, de lui-même, toutes les formes de l’univers. La matière, quoiqu’en apparence elle soit le corps de l’univers, se différencie à son tour en âme et corps. Le corps de la matière, ce sont les choses individuelles, les corps chez lesquels l’unité est entièrement perdue dans la multiplicité et dans l’étendue, et qui apparaissent, pour cela même, comme inorganiques.

L’exposition purement descriptive des formes inorganiques est devenue une branche spéciale de la science, et ce n’est pas sans un sentiment vrai qu’elle s’abstient de pénétrer jusqu’aux caractères intérieurs, ou qui constituent leur essence et leur qualité. Depuis que les différences spécifiques de la matière ont été saisies, même au point de vue de la quantité, et que la possibilité est donnée de les représenter comme les métamorphoses d’une seule et même substance, par de simple changements de forme, la voie est ouverte aussi à une construction historique de la série des corps, à laquelle les idées de Steffens ont déjà donné un commencement remarquable d’exécution.

La géologie, qui devrait offrir un caractère semblable, en ce qui concerne la terre tout entière, devrait donc aussi embrasser toutes ses productions, et montrer leur genèse dans la continuité de leur développement historique. Puisque le côté réel de la science ne peut toujours être qu’historique (car, hors de la science, il n’est rien qui, immédiatement et originairement, se rapporte à la vérité, si ce n’est