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la matière première, quand d’ailleurs elle remonte jusque-là, que comme un assemblage de petits corps d’une forme invariable et qui s’appellent pour cela atômes. Il lui manque, par conséquent, la connaissance de la première unité d’où tout sort et où tout retourne dans la nature.

Pour parvenir à l’essence de la matière, il faut écarter complètement de notre esprit l’image de chacune de ses formes particulières, par exemple de ce qu’on appelle les formes inorganiques ou organiques, puisqu’elle est en soi seulement le principe de ces différentes formes ; considérée absolument elle est l’acte de la contemplation de l’absolu par lui-même, en tant que celui-ci s’objective et se réalise en elle. Montrer d’un côté que telle est l’essence de la matière, de l’autre comment les êtres particuliers de la nature sortent de son sein avec les caractères qui les distinguent, telle est l’unique tâche de la philosophie.

J’ai suffisamment parlé du premier point dans ce qui précède ; je me borne donc ici au second. L’idée de chaque chose particulière est absolument une, et pour expliquer la variété infinie des individus de la même espèce, la même idée suffit, sa fécondité infinie n’étant épuisée par aucune réalité. Puisque la première loi de l’existence absolue est d’être absolument indivisible, le caractère particulier des idées ne peut consister à exclure les autres idées ; il consiste uniquement en ce que, dans chacune, toutes les autres sont représentées, mais seulement selon sa forme