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le progrès de l’humanité dans le sens des relations paisibles entre les hommes, dans celui du commerce et de l’industrie, et présenter ces avantages comme les plus beaux fruits de l’activité de l’homme et de ses efforts.

Ainsi, puisque la simple liaison des événements, d’après la nécessité empirique, ne peut toujours être que pragmatique, tandis que l’histoire, dans sa plus haute acception doit être indépendante de tout but personnel et marcher librement, il est évident que le point de vue empirique ne peut être le plus élevé qui préside à son exposition.

La véritable histoire est fondée aussi sur une synthèse du réel et de l’idéal, mais qui n’a pas lieu par la philosophie, puisque celle-ci fait abstraction de la réalité, et est entièrement idéale. L’histoire, au contraire, doit être entièrement dans le réel, et cependant aussi être en même temps idéale. Or, ceci n’est possible que dans l’art, qui laisse subsister le réel, comme le théâtre représente les événements réels ou historiques, mais dans une perfection et une unité telles qu’ils sont l’expression des plus hautes idées. L’art est donc ce par quoi l’histoire, tout en étant la science du réel comme tel, s’élève au dessus de lui dans la région la plus haute de l’idéal, où règne la science ; le troisième point de vue de l’histoire, qui est en même temps absolu, est, par conséquent, celui de l’art historique.