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nature, celles-ci considérant chacune son objet séparément et en même temps du point de vue de la plus haute unité.

Cela n’empêche pas que chacune d’elles ne puisse rétablir en elle-même le point central, et ainsi retourner à la science absolue.

L’idée qu’on se forme communément de la nature et de l’histoire, c’est que, dans la première, tout arrive par nécessité, et que, dans la seconde, tout s’accomplit par la liberté. Mais ce ne sont là précisément que des formes ou des manières d’être en dehors de l’absolu. L’histoire est la nature à sa plus haute puissance, en tant qu’elle exprime dans l’idéal ce que celle-ci exprime dans le réel. Mais, dès lors, le principe est essentiellement le même dans toutes deux. Il ne diffère que par le degré ou la puissance à laquelle il est posé. Si on pouvait voir le pur absolu dans toutes deux, on reconnaîtrait, représentée sous la forme du réel dans la nature, la même chose qui apparaît comme idéal dans l’histoire. La liberté au point de vue phénoménal ne peut rien créer. Il existe un être universel qu’expriment, chacune en soi et avec son caractère propre, les deux formes du monde visible. Le monde parfait de l’histoire serait par conséquent lui-même une nature idéale, savoir : l’Etat comme organisme extérieur où se manifeste l’harmonie de la nécessité et de la liberté, harmonie réalisée au sein de la liberté même. L’histoire, en tant qu’elle a pour principal objet le déve-