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de réaliser, en disant que l’on a mis au monde une méthode capable d’enfanter un système.

Nous avons fait voir que cette méthode repose sur un paralogisme. Une méthode, d’ailleurs, se justifie par ses résultats ; elle est immédiatement féconde et elle prouve sa fécondité en mettant au jour une doctrine. Elle se révèle par ses œuvres, non par des promesses. Dans tous les cas, les autres systèmes actuellement constitués ne se retirent pas plus devant des promesses que devant des menaces. Comment voulez-vous qu’ils cèdent la place à l’embryon vingt fois avorté, qui n’a pas encore pu arriver à naître ?

Ainsi donc, pour résister efficacement à des systèmes constitués, il faut un système constitué, homogène, prêt à dérouler devant eux la série de ses principes et de ses conséquences ; prêt aussi à leur montrer en quoi ils pèchent par leur idée fondamentale, et cela en confrontant celle-ci à une autre idée plus vaste et plus vraie, et en leur appliquant ce criterium supérieur. Alors ils se retirent et vous cèdent la place ; alors aussi vous leur avez porté le coup mortel, et paralysé pour jamais leur action sur les intelligences.

Telle est l’idée que nous nous faisons d’un système philosophique ; tels ont été tous les véritables systèmes qui ont régné tour à tour, ou se sont disputé l’empire des intelligences aux diverses époques de l’histoire. Il nous reste à faire l’application de ces principes à la philosophie allemande.