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symbolisme, semblable à celui de la religion grecque, est impossible, en vertu de la tendance idéale du spiritualisme chrétien. Tout symbolisme disparait dans le retour de l’esprit sur lui-même ; et si la contradiction des termes est levée, cette conciliation, qui ne doit pas être seulement aperçue extérieurement, mais intérieurement, reste dès-lors un secret, un mystère. L’antinomie du divin et du naturel, qui se reproduit partout, ne s’efface que par la résolution du sujet de concevoir les deux termes comme identiques, bien que cette identité soit incompréhensible. Une telle unité subjective, c’est ce qu’exprime l’idée du miracle. L’origine de chaque idée est, d’après cette manière de voir, un miracle, puisqu’elle nait dans le temps, sans avoir de rapport avec lui. Aucune idée ne peut naître d’une manière temporelle ; elle est l’absolu, c’est-à-dire Dieu même qui se manifeste ; et par conséquent l’idée de la manifestation divine est une conception nécessaire dans le christianisme.

Une religion qui vit comme poésie dans l’imagination d’un peuple, a aussi peu besoin d’un principe historique, que la nature ouverte à tous les regards. Là où le divin ne vit pas sous une forme permanente, mais dans de fugitives apparences, il a besoin de moyens qui le fixent et l’immortalisent par la tradition. En-dehors des mystères proprement dits de la religion, il y a nécessairement une mythologie qui est son côté exotérique, et qui s’appuie sur la religion, tandis que la religion grecque s’appuyait, au contraire, sur la mythologie.