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nifestation objective de la philosophie, en ce qui touche principalement aux idées spéculatives, elle est, dans son ensemble, la plus haute synthèse de la philosophie et de l’histoire, et la représenter comme telle est le but des considérations suivantes.

La première origine de la religion, aussi bien que celle de toute autre connaissance ou culture de l’esprit humain, ne peut se comprendre que par un enseignement dont nous sommes redevables à des natures supérieures ; en un mot, toute religion, dans son principe, est déjà une tradition. Mais je ne fonde pas le rapport de la théologie avec l’histoire seulement sur ce principe. Aussi je laisse de côté les explications banales données par l’empirisme, et dans lesquelles les uns font naître la première idée de Dieu ou des dieux, de la frayeur, de la reconnaissance ou d’autres mouvements de l’âme, tandis que les autres l’attribuent à une invention adroite des anciens législateurs. Les premiers conçoivent l’idée de Dieu en général comme un phénomène psychologique, les seconds n’expliquent pas même comment quelqu’un a conçu la première idée de se faire législateur d’un peuple, ni comment il a eu la pensée de se servir de la religion comme d’un moyen d’intimidation, sans tenir auparavant l’idée de la religion d’une autre source. Parmi la foule de faux et insignifiants essais qui ont paru dans ces derniers temps, figurent, au premier rang, les prétendues histoires de l’humanité,