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ses parties, elle cesserait par là même d’être finie. Elle saisit bien le tout réellement comme un, mais, dès lors, elle ne saisit plus rien comme déterminé.

L’image réelle de la science absolue, ce sont les sciences particulières ; mais dans celles-ci dominent aussi la séparation et la division. Elles ne peuvent être réellement unes dans l’individu, mais seulement dans l’espèce ; et encore, dans celle-ci, elles ne le sont que pour une intuition intellectuelle, qui considère le progrès à l’infini, non comme quelque chose de successif, mais de simultané.

Maintenant, il faut concevoir en général que la réalisation d’une idée et son développement progressif, tels à la vérité que l’espèce entière et non l’individu les représente, s’expriment par l’histoire. L’histoire n’est ni ce qui est purement conforme aux lois de la raison, ce qui est soumis à l’idée, ni ce qui est purement sans lois, mais ce qui combine, avec l’apparence de la liberté dans les individus, la nécessité dans l’ensemble. La science réelle, par cela même qu’elle est une manifestation successive de la science absolue a nécessairement un côté historique ; et en tant que toute histoire tend à la réalisation d’un organisme extérieur comme expression des idées, la science a aussi pour tendance nécessaire de se donner une manifestation objective et une existence extérieure.

Cette manifestation extérieure ne peut être que l’expression de l’organisme intérieur de la science