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rapport à l’absolu, sera le plus rapproché de celui de la brute qui n’a pas conscience d’elle-même, ou un état de complète innocence, dans lequel cette contemplation ne se saisit pas même comme sentiment religieux. Autrement, elle serait supposée en même temps un acte de réflexion, et ce serait sortir de l’identité.

Ainsi donc, depuis que la philosophie a rétabli l’idée de l’absolu, et l’a affranchie de toute subjectivité, depuis qu’elle cherche, autant qu’il est en elle, à la montrer dans des formes objectives, on s’est emparé d’un nouveau et, en quelque sorte, d’un dernier moyen de subjectivation. On a cru pouvoir mépriser la science parce que celle-ci, s’imposant à tout, repousse, en même-temps, toute idée qui manque d’une forme sévère et rigoureuse, en un mot, parce qu’elle est la science. Il n’est pas étonnant que, dans une époque où un dilettantisme particulier s’est étendu à presque tous les objets, ce qu’il y a de plus sacré n’ait pu lui échapper, et que cette espèce d’impuissance et de paresse se réfugie dans la religion, pour échapper aux hautes exigences de la raison.

Honneur à ceux qui ont proclamé de nouveau l’essence de la religion ; l’ont exposée d’une manière vivante et avec énergie, et qui ont maintenu son indépendance vis-à-vis de la morale et de la philosophie. Mais s’ils veulent que la religion soit hors des atteintes de la philosophie, ils doivent vouloir, d’après le même principe, que la religion ne puisse engendrer la philo-