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sans une construction métaphysique. Je sais qu’une science des mœurs, dans ce sens, n’existe pas ; mais les principes et les éléments de cette science se trouvent dans le point de vue de l’absolu, rétabli dans la philosophie.

La moralité se manifeste dans la société par la liberté, et celle-ci se confond elle-même avec la moralité publique. La construction métaphysique de cette organisation morale est une tâche tout-à-fait semblable à la construction philosophique de la nature ; elle s’appuie comme elle sur des idées spéculatives. La dissolution de l’unité morale, dans la vie publique et privée, devait s’exprimer par la destruction de la philosophie et par la ruine des idées. Tant que d’impuissantes maximes, usurpant le titre de moralité, feront les affaires de la raison commune (celle-ci ne pouvant plus apparaître sous sa forme naturelle), ce concert de voix énervées et débiles ne sera que l’accompagnement nécessaire du rythme énergique du temps.

Manifester la moralité sous ses formes positives, lorsque son idée est devenue presque purement négative, sera l’œuvre de la philosophie. La peur de la spéculation, cette impatience de gens si pressés de passer de la théorie à la pratique, engendrent nécessairement la mollesse dans l’action, comme elle rend la science superficielle. L’étude d’une philosophie sévèrement théorique, familiarise de la manière la