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surgi : les anciennes se sont déplacées : le terrain où elles se débattaient n’est plus le même ; le point de vue a changé ; le monde entier s’est renouvelé. Il ne suffit point de nous convier au banquet philosophique des sages de la Grèce. On y conversait sur des objets d’un éternel intérêt sans doute, et en une langue que nous comprenons encore. Mais aussi que de questions, des plus vitales de notre époque, dont les dialogues de Platon et les ouvrages d’Aristote ne disent pas un mot, ou qui y sont traitées d’un point de vue qui n’est pas le nôtre, ou enfin dont les solutions excitent le sourire des modernes ! Que de paroles échappées de la boucha du divin Platon seraient aujourd’hui rélevées par un enfant, et apprêteraient à rire à nos écoliers, si elles ne réclamaient l’indulgence due au plus beau génie d’un autre âge ! Je veux bien aussi être reconduit à l’école de Descartes, mais à deux conditions : la première, c’est qu’il me sera permis d’adresser au père de la philosophie moderne, hélas ! sans orgueil, une demi-douzaine de questions qu’il n’a pas vues, ou dont il n’a pas soupçonné la portée, et qui tourmentent, bien autrement que son doute méthodique, les esprits élevés de notre siècle ; la seconde, c’est qu’il répondra au moins à quelques unes des objections qui ont été faites par ses successeurs, non aux grandes vérités qu’il a su si bien mettre en lumière dans ses ouvrages, mais à l’ensemble de son système, et qui l’ont renversé de fond en comble. Que l’on dégage de ce système et que l’on recueille ces impéris-