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jours sous des formes les plus différentes, avant qu’elle ne se transforme dans une véritable identité absolue.

Le dualisme, dont non-seulement l’apparition en général, mais les transformations incessantes sont un fait nécessaire dans le monde moderne, doit donc avoir tout-à-fait la prépondérance de son côté. De même l’identité, entrevue par quelques individus isolés, ne peut presque être comptée pour rien, parce que ceux-ci, déjà repoussés et bannis par leur siècle, n’ont été considérés par la postérité que comme des exemples frappants d’égarement.

A mesure que les grandes idées qui forment la base de la constitution politique et même de la société religieuse universelle, se sont effacées, le principe divin s’est retiré du monde, et il ne pouvait rien rester à la surface de la nature que le corps privé de vie du fini. La lumière s’est concentrée entièrement au-dedans, et l’opposition du subjectif et de l’objectif devait atteindre son plus haut degré. Si on excepte Spinosa, depuis Descartes dans lequel l’opposition s’est exprimée avec la précision scientifique, jusqu’à notre époque, il n’y a eu aucune manifestation opposée, puisque Leibnitz lui-même exposa sa doctrine sous une forme que le dualisme pouvait de nouveau s’approprier. Par cette scission de l’idée, l’infini avait aussi perdu sa signification, et celle qu’il avait obtenue était précisément, comme cette opposition même, une signification purement subjective. Faire prévaloir complètement cette sub-