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existe entre les sciences. La philosophie ne vit que dans les idées, elle abandonne le soin de s’occuper des choses réelles et particulières à la physique, à l’astronomie, etc. Mais j’oubliais que ce sont là des exagérations. Et, dans ce siècle de mœurs polies et d’un rationalisme si positif, qui croit encore aux rapports élevés de l’État ?

Si quelque chose peut s’opposera l’irruption de ce torrent qui toujours, d’une manière plus manifeste, confond les rangs et les idées, depuis que la populace aussi se mêle d’écrire, et que chaque plébéien s’érige en juge, c’est la philosophie, dont la devise la plus naturelle est le mot du poète :

Odi profanum vulgus et arceo.

Depuis qu’on a commencé à décrier, non sans succès, la philosophie comme dangereuse à l’État et à l’Église, les représentants des différentes sciences ont aussi élevé la voix contre elle ; ils l’ont accusée d’être paiement pernicieuse, sous ce rapport qu’elle détourne des sciences positives, et les repousse comme des connaissances dont on peut se passer, etc.

Il serait sans doute excellent que les savants, dans certaines spécialités, pussent prendre rang parmi les classes privilégiées, et qu’une loi fondamentale de l’État défendit qu’aucun progrès, ou au moins aucune révolution ne s’accomplit dans aucune branche du savoir humain. Jusqu’à présent, du moins en géné-