Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/260

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

port, est impuissant, il n’y a qu’un lien intérieur, une religion ou une philosophie capables de ressusciter l’ancien caractère national qui a péri dans le morcellement, et qui achève de plus en plus de se dissoudre. Il est certain qu’une petite population, obscure et paisible, qui n’est appelée à aucune grande destinée, n’a pas non plus besoin de grands mobiles. Il semble que ce soit toujours assez pour elle de pourvoir à sa subsistance et de s’adonner à l’industrie. Dans de plus grands États même, la disproportion entre les moyens que fournit une pauvre contrée et les fins de la société, force le gouvernement lui-même à se contenter de ce principe de l’utilité et à rapporter les arts et les sciences à cette tendance. Il est hors de doute que la philosophie ne peut être en rien utile à de pareils États ; et quand les princes commencent à devenir de plus en plus populaires, les rois eux-mêmes à rougir d’être rois, et à vouloir n’être plus que les premiers citoyens, la philosophie aussi peut se transformer en une morale bourgeoise et descendre de ses hautes régions dans la vie commune.

La constitution de l’État est une image delà constitution de l’empire des idées. Dans celui-ci l’absolu est comme la puissance devant laquelle tout s’efface ; c’est le monarque. Les idées sont, non la noblesse ou le peuple (parce que ce sont là des catégories qui n’ont de réalité que dans leur mutuelle opposition), mais les hommes libres. Les réalités sensibles sont les esclaves et les serfs. Une semblable hiérarchie