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tique dans la plupart des sciences positives, où l’on chercherait vainement la moindre trace d’art ou simplement les lois logiques de la pensée, de cet esprit borné qui ne sait s’élever par aucune pensée générale au-dessus des cas particuliers, et ne peut concevoir que, même dans les faits sensibles, sa tâche est de faire ressortir le rationel, l’universel.

L’universel pur est l’unique source des idées, et les idées sont la vie de la science. Celui qui ne connaît sa spécialité que par son côté particulier, et n’est pas capable d’y reconnaître l’élément général, ni de le marquer de l’empreinte d’une culture scientifique universelle, est indigne d’enseigner et d’être le gardien de la science. Il pourra se rendre utile de différentes manières, comme physicien, en élevant des paratonnerres, comme astronome, en faisant des calendriers, comme médecin, en appliquant le galvanisme aux maladies, ou de quelque autre façon que l’on voudra ; mais la mission de celui qui enseigne exige quelque chose de plus élevé que l’habileté pratique. « Les bornes plantées dans le champ de la science, dit Lichtenberg, peuvent bien avoir une grande utilité dans le partage entre fermiers ; mais, pour le philosophe qui a toujours devant les yeux l’ordonnance du tout, sa raison, qui aspire à l’unité, l’avertit à chaque pas de ne faire aucune attention à ces bornes qui souvent sont commodes, mais souvent aussi ne font que barrer le chemin. » Sans doute, ce n’était pas par une simple habileté méca-