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ter un système. La première est de faire voir la fausseté du principe et le danger des conséquences ; c’est la plus facile, mais aussi la plus inefficace. La seconde est de trouver un principe nouveau et plus vrai, qui donne aux questions une explication plus haute et plus satisfaisante. Celle-là est la plus difficile, mais c’est la seule vraiment efficace et qui puisse assurer la victoire. La première est bonne pour le sens commun, mais tout à-fait insuffisante pour les savants et les philosophes. Jamais elle n’a forcé un système à se retirer de la scène philosophique, ni paralysé son action dans le monde des idées. Consultez l’histoire. Est-ce que les vices et les erreurs de la philosophie d’Aristote étaient totalement ignorés au moyen-âge ? Ce serait faire tort à la clairvoyance des scholastiques, qui souvent ne manquaient pas plus de bon sens et de sagacité que beaucoup des modernes. Ils suivaient cette philosophie malgré ses défauts, parce qu’ils n’en connaissaient pas d’autre et n’avaient pas l’originalité nécessaire pour en faire éclore une nouvelle. Ils palliaient ces défauts, défiguraient, refaisaient Aristote, pour l’accommoder aux idées du temps et aux dogmes de la religion. Il en fut de même du platonisme, à l’époque dite de la renaissance, et plus tard du cartésianisme lui-même, lorsqu’il eut détrôné la philosophie scholastique et celle de l’antiquité. Certes, les esprits sceptiques, ou attachés à d’autres idées, n’étaient pas rares au xviie siècle. Les lumières et l’indépendance philosophique ne leur manquaient