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Nous pourrions nous contenter de dire : Ces systèmes sont des productions et des monuments de la pensée humaine. Ils ont joué un rôle important dans l’histoire des idées au siècle où nous vivons ; ils ont exercé une grande influence, non-seulement chez la nation qui les a vus naître, mais aussi chez nous. Plusieurs des théories philosophiques qui se sont élevées en France, depuis le commencement de ce siècle, portent évidemment l’empreinte de la pensée germanique, et témoignent de cette influence ; il est au moins curieux d’en connaître la source. D’ailleurs, comme toutes les créations de l’esprit humain, ces systèmes ont droit à être étudiés et appréciés, — Mais cette réponse ne nous suffit pas. Ce n’est pas seulement en historien ou en artiste que nous nous intéressons à eux, et que nous croyons devoir appeler sur ces doctrines l’attention de nos compatriotes ; nous avons un motif beaucoup plus sérieux.

Ces systèmes ne sont pas du passé, mais du présent. Quoiqu’en apparence vieillis et discrédités, ils sont encore, qu’on le sache bien, pleins de force et de vie. Quand on les croit morts, ils règnent toujours sur la nation qui parait s’être insurgée contre eux ; ils n’ont pas même cessé d’étendre sur nous leur influence. Nous nous moquons d’eux, et nous subissons en partie leur domination. Nous avons ici à combattre quelques préjugés qui, pour la plupart, viennent des idées vagues ou fausses que l’on se fait généralement des systèmes philosophiques. On nous