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adopté, avec des interprétations diverses, ce qu’ils appelaient le caractéristique dans l’art. Schelling fait remarquer avec justesse que, si l’on entend par là que l’art doit s’attacher à reproduire le caractère extérieur des objets, leur forme exacte et précise, on retombe dans le principe de l’imitation, et l’on ne doit attendre de cette méthode que de la raideur, de la rudesse et de la sécheresse. Si, au contraire, on veut dire que la vie est inséparable de la forme et que celle-ci est, non la négation de l’idée, mais la limite quelle s’impose à elle-même, que pour cette raison la forme doit être marquée avec force et précision, rien n’est plus vrai, et l’on prend pour guide la nature elle-même, qui, sous ce rapport, est profondément caractéristique dans ses œuvres. Harmonieuse dans l’ensemble, elle donne aux espèces et aux individus des caractères nettement prononcés. Surtout, elle débute dans les règnes inférieurs par la précision et la régularité des formes. Dans les degrés supérieurs et les organisations avancées, elle prend une allure plus libre et plus hardie, sans cependant s’écarter de ses limites. Sous une infinie variété, on retrouve toujours l’unité caractéristique et l’individualité. L’art qui se meut dans un petit espace ne peut affecter une telle variété ni s’arrêter aux degrés inférieurs ; il s’attache de préférence à la forme humaine comme résumant la création entière, et rassemble en elle les traits épars dans la nature. Mais la nécessité n’en est que plus impérieuse pour l’artiste d’éviter la confusion, de se préserver