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tue un idéalisme absolu ; mais les idées créent à leur tour les choses particulières, qui sont simplement leurs images. Ici, l’unité se brise et se dédouble ; les deux termes, l’idéal et le réel, se séparent ; le réel apparaît dans la nature, l’idéal dans le monde moral ; ils s’opposent comme le négatif et le positif ; mais, en réalité, ce sont les deux manifestations relatives de l’être absolu, et en lui ils se confondent et retrouvent leur identité. Ainsi, la nature, soit qu’on l’envisage dans Dieu comme monde des idées, soit qu’on la considère dans son existence visible, est essentiellement une ; elle ne renferme aucune diversité intérieure ; dans toutes choses est la même vie, la même puissance, à des degrés différents ; il n’y a pas de corps sans ames ni d’ames sans corps ; partout l’ame revêt un corps ; seulement, le côté matériel ou spirituel domine selon le degré de l’existence. La science de la nature est donc une elle-même ; ses divisions ne sont qu’extérieures et ne brisent point sont unité. La tâche de la philosophie est précisément de rétablir partout cette identité, de ramener sans cesse le réel à l’idéal, l’idéal au réel, et tout deux à leur principe commun. D’un autre côté, si l’acte éternel de la manifestation divine se reproduit à tous les degrés de l’échelle des êtres, si le type intérieur des choses est nécessairement un, la philosophie, qui saisit à leur source même l’idée absolue et les idées qui en découlent, peut construire le monde sur ce modèle, s’élever au-dessus du point où d’insurmontables