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cet appareil prétentieux de termes philosophiques, et la facilité pour chacun de se créer un système à soi. Il reconnaît le service que Fichte a rendu à cette science en essayant de la constituer sur une base indépendante. Mais cette œuvre capitale renferme un défaut essentiel, elle n’offre que le côté négatif. La société, ainsi organisée d’après l’idée du droit, et n’ayant pour but que le maintien des droits entre les citoyens, se réduit à un mécanisme extérieur. Le droit empêche tout au plus que les citoyens ne se nuisent réciproquement. C’est la condition de l’ordre, non le but positif de la société, qui est le libre développement des facultés humaines et des forces sociales. L’Etat ne doit pas être considéré comme le moyen d’atteindre ce but, mais comme la société elle-même le réalisant incessamment. C’est un organisme vivant qui doit se développer régulièrement et librement. — La critique est juste ; mais si le problème est mieux posé il reste à le résoudre.

Onzième leçon. On sait que la première application des idées de Schelling fut une philosophie de la nature. C’est sous ce nom que son système est encore généralement connu des savants. Les trois leçons suivantes, où il expose ses vues sur la science de la nature en général et ses principales divisions, doivent donc offrir un intérêt particulier. Voyons d’abord comment il conçoit la nature en général.

La nature, l’univers, est une manifestation de Dieu,