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rapport avec elle. — Que la science du droit renferme un côté empirique étranger à la philosophie et où il est plus dangereux qu’utile de l’introduire, nous le concevons. Mais le mouvement de la législation moderne n’a-t-il rien qui mérite de fixer l’attention du philosophe ? rien qui trahisse la vie des sociétés et le progrès des idées ? Le prétendre n’est-ce pas avouer implicitement qu’on s’est placé à un point de vue qui empêche de comprendre ce qu’il est plus facile de dédaigner. L’auteur est obligé de se reporter vers l’antiquité pour trouver quelque chose qui réponde à son système. Selon lui, cette unité de la vie publique et de la vie privée, de la nécessité et de la liberté, n’a existé que dans les sociétés anciennes. Dans la société moderne, l’individu s’est détaché de l’État ; il s’est créé des droits et des intérêts distincts. De là, une lutte intérieure et permanente d’où résultent toutes les autres divisions qui travaillent et minent le corps social. Rome et les cités grecques étaient dans un état plus normal. La cité antique est aussi divisée ; puisqu’elle renferme des hommes libres et des esclaves ; mais y au moins, c’était deux mondes à part ; les esclaves ne faisaient pas partie de l’État ; les hommes libres jouissaient d’une vie toute idéale. — Si l’État est un œuvre d’art, cela est en effet plus poétique et plus beau ; c’est aussi plus clair pour la dialectique, plus conforme à ses catégories, mieux modelé sur le plan du monde physique qui offre le reflet des idées ; est-ce plus conforme à l’ordre moral