Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

c’est-à-dire une organisation sociale où se manifesterait l’harmonie de la nécessité et de la liberté. L’histoire montre comment la société marche vers ce but idéal ; son seulet véritable objet est l’enfantement successif de cette constitution cosmopolite. Telle est la manière dont Schelling définit ailleurs l’histoire. (Voy. l’extrait, p. 346.) Il se contente ici d’examiner les différentes manières de l’envisager.

La première est le point de vue religieux ou philosophique ; il doit être abandonné à la religion et à la philosophie. Bossuet, Vico et Herder ne sont pas, à proprement parler, des historiens. Vient ensuite le point de vue empirique ; il offre deux côtés : ou l’historien se borne à recueillir cl à exposer les faits, méthode, en effet, purement empirique ; ou il les coordonne d’après un but spécial, politique, moral, civil, militaire, etc. ; c’est le genre pragmatique, celui de Tacite et de Polype. On le regarde comme le plus élevé, mais à tort. Il engendre facilement les abus et les défauts que l’on reconnaît dans la plupart de ceux qui se mêlent d’écrire aujourd’hui l’histoire : l’absence d’idées, la manie des réflexions morales, le ton oratoire, les grands mots et les phrases vides de sens sur les progrès de l’humanité et de la civilisation. Presque toujours l’histoire y est confisquée au profit d’une idée exclusive, asservie aux vues les plus étroites et aux intérêts de secte ou de parti. Indépendamment de ces tendances, son défaut originel est d’exclure le caractère d’universalité. Si l’histoire avait un but