raison pratique. Schelling rétablit, en peu de mots, la vérité au point de vue de son système, c’est-à-dire l’unité et l’identité du savoir et de l’action, comme découlant du même principe et devant y remonter. La sagesse n’est autre chose que l’effort pour ressembler à Dieu. Par là s’établit l’union intime de la morale et de la science, non par un lien de subordination, mais sur le pied de l’égalité, comme constituant deux mondes distincts, mais rattachés l’un à l’autre par le principe qui leur sert de base commune. Ainsi, la morale n’est pas moins une science spéculative que la philosophie théorique ; chaque devoir correspond à une idée ; de même que chaque espèce, dans la nature, a son archétype auquel elle tend à ressembler. Et ce n’est pas seulement la morale privée qui est une science théorique, mais aussi la morale sociale. L’organisation morale de la société repose également sur des idées spéculatives. Là où ces idées manquent, ou ne sont point fortement empreintes dans les cœurs et gravées dans les esprits, il n’y a pas de vie publique ; comme un gouvernement ferme et sage est impossible si elles ne sont pas présentes à la pensée de l’homme d’état et du législateur. La ruine des idées entraîne celle des mœurs ou produit leur énervement. La peur de la spéculation a pour suite la mollesse dans l’action, comme elle rend la science superficielle. En un mot, l’étude d’une philosophie sévèrement théorique familiarise avec les idées, et les idées donnent seules à l’action de l’énergie et un sens moral. — Tout cela
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