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prit étroit et timide de la plupart des hommes qui l’ont mal comprise et incomplètement pratiquée ? Est-il dans sa destinée d’accomplir son œuvre lentement et obscurément, d’amasser simplement des matériaux et de préparer la voie au génie ? Faut-il attendre, en effet, que le génie, sans lequel les méthodes restent impuissantes et stériles, vienne la féconder et révéler tout-à-coup sa puissance et sa portée ? Ce sont là autant de questions que chacun se pose aujourd’hui et que nous n’avons pas à examiner. Nous ferons observer néanmoins que, pour répondre au défi qui lui a été porté dès l’origine par ses adversaires, il est temps qu’elle abandonne ses allures trop timides et trop circonspectes, et que, sans renoncer à sa prudence et à la sévérité de ses procédés, elle aborde enfin les grands problèmes philosophiques. Il n’y a qu’un moyen de fermer la bouche à ces détracteurs, qu’une réponse victorieuse, c’est la création d’un système, où tous ces problèmes trouvent leur solution et leur explication.

Après cette critique des différentes manières d’étudier la philosophie dans les Universités, Schelling cherche une confirmation de sa propre méthode dans l’histoire de la philosophie moderne, dont il trace l’esquisse à grands traits. Il pose d’abord la formule du développement historique en général : Dans l’antiquité, le principe éternel des choses, l’infini revêt la forme du fini ; il prend pour mode de manifestation la nature. Dans toutes les productions du monde ancien,