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lectique. La définition qu’en donne Schelling diffère de celle de Platon, comme les systèmes des deux philosophes. Suivant Platon, la dialectique consiste à savoir remonter du particulier à l’universel ou à l’idée, et à redescendre de l’universel au particulier, en passant par tous les degrés de cette échelle ascendante et descendante, au sommet de laquelle est l’absolu, le souverain bien, comme au dernier échelon sont les existences passagères du monde sensible. Pour Schelling, la méthode est plus courte : son but est d’anéantir immédiatement le fini, de tout représenter comme un, démontrer partout cette absolue identité qui réside au fond de toutes choses, d’opérer partout la fusion des deux termes : de l’universel et du particulier, du réel et de l’idéal, du fini et de l’infini ; de faire ressortir leur unité sous leur diversité apparente, de faire concevoir ainsi l’absolu qui est leur base commune — Nous ne voulons discuter ici ni le système, ni la méthode. Nous ferons seulement remarquer que Schelling, à qui l’on a souvent reproché de trop accorder à l’inspiration et de négliger les procédés sévères de la méthode, d’introduire la poésie dans la science, insiste ici beaucoup sur la nécessité et l’importance de la méthode et d’une forme particulière à la philosophie. Il déclare que, sans la dialectique, il n’y a pas de philosophie scientifique ou proprement dite. Qu’il ait enfreint le précepte, que ses disciples l’aient encore moins suivi, toujours est-il qu’il le donne, et fait une loi impérieuse de son application.