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Nous venons de considérer ce que sont les nouveaux libres des colonies anglaises. Ce drame se joue sous nos yeux, et il est loin d’être décourageant. Ouvrons l’histoire, elle nous convaincra mieux encore. Dans le tableau du passé elle nous fera voir celui de l’avenir. — En Colombie, on émancipe les Nègres d’une manière subite, et sauf le premier mouvement inévitable de la transition, il n’en résulte aucun malheur. En 1794, lorsque la Convention les appela à la liberté, les Noirs de Saint-Domingue, de la Guadeloupe et de la Guyane n’étaient pas moins dégradés qu’ils le sont aujourd’hui ; ils sortent rapidement de la dégradation, et lorsqu’en 1802, après la paix d’Amiens, le premier consul Bonaparte envoie des soldats pour procéder à l’exécution de l’abominable loi qui rétablit l’esclavage, on trouve les îles, quoiqu’on en puisse dire, dans une position prospère. Voici nos preuves :

À la Guadeloupe, un recensement fait en 1801, des plantations en culture, présente un total de 390 sucreries, 1,355 caféières et 328 cotonneries[1]. Pour Saint-Domingue, à

  1. Mémoire des habitants de la Guadeloupe.