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qu’on ne l'a enlevée à personne pour me la donner. Elle a été créée exprès pour moi.

On sonne. — C’est une députation des notables Animaux du Jardin.

— Nous venons, dit le chel‘ de la deputation, représen- ter humblement à Votre Altesse qu'il manque quelque chose à notre glorieuse révolution.

—— Quoi donc? dit le Banane.

—— Sire, répondit monsieur le député, que dirait la pos- térité si elle apprenait que nous avons fait une révolution sans boire ni manger‘?

—— Messieurs, leur dit Sa Majesté Banane l“, je vois avec plaisir que vous n'oubliez rien, et que la patrie peut comp- ter su r vous. Allons dîner.

La prairie qui se trouve en face lüàmphithéatre servit de salle à manger. Il avait été résolu qu’on se passerait de table pour que chacun pût jouir d’une liberté illimitée dans cette fête nationale, et qu’on mangerait comme on l’en- tendrait, qui son foin, qui son grain, qui ses végétaux, le repas devant être tout pythagorieien, en dépit des Ani- maux carnassiers, qui ne trouvaient pas leur compte à cette maigre chair. Mais il eût été dérisoire de s’entre-