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À PARIS.

l’aurait fait un vrai Lion, le Lion parisien, voyant à qui il avait affaire, pâlit et faillit s’évanouir. Il se remit pourtant et s’en tira… Par la force ? me direz-vous. Non, Sire, mais par la ruse.

« — Monsieur, lui dit votre fils, je viens savoir sur quelle raison vous vous appuyez pour prendre notre nom.

« — Fils du désert, répondit de la voix la plus humble l’enfant de Paris, j’ai l’honneur de vous faire observer que vous vous appelez Lion, et que nous nous appelons Laianne, comme en Angleterre.

« — Le fait est, dis-je au prince, en essayant d’arranger l’affaire, que Laianne n’est pas du tout votre nom.

« — D’ailleurs, reprit le Parisien, sommes-nous forts comme vous ? Si nous mangeons de la viande, elle est cuite, et celle de vos repas est crue. Vous ne portez pas de bagues.

« — Mais, a dit Son Altesse, je ne me paye pas de semblables raisons.

« — Mais on discute, dit le Lion parisien, et par la discussion l’on s’éclaire. Voyons Avez-vous pour votre toilette et pour vous faire la crinière quatre espèces de brosses différentes ? Tenez : une brosse ronde pour les ongles, plate pour les mains, horizontale pour les dents, rude pour la peau, à double rampe pour les cheveux ! avez-vous des ciseaux recourbés pour les ongles, des ciseaux plats pour les moustaches ? sept flacons d’odeurs diverses ? Donnez-vous tant par mois à un Homme pour vous arranger les