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PROLOGUE.

Qu’il faut réaliser enfin, au moyen de la presse, la puissance la plus formidable du jour, une enquête générale sur leur situation, sur leurs besoins naturels, sur les mœurs et coutumes de chaque espèce, et créer sur des données sérieuses et impartiales une grande histoire de la Race Animale et de ses nobles destinées dans la vie privée et dans la vie publique, dans l’esclavage et dans la liberté.

« Par la presse, La Fontaine, cet Homme, le seul à la gloire duquel on puisse dire que toutes les Bêtes l’ont pleuré, La Fontaine, dont ce triste jour rappelle la mort, a plus fait pour chacun d’eux que les vainqueurs de Sapor, de Tarragone et d’Alexandre, que les trois cents Renards eux-mêmes qui, avec Samson et la mâchoire de l’Âne, exterminèrent les Philistins.


L’Âne relève fièrement la tête. — Au nom de La Fontaine, tous les Animaux se lèvent et s’inclinent respectueusement. — Quelques Animaux demandent que ses cendres soient transportées au Jardin des Plantes. —


« Les naturalistes ont cru avoir tout fait en pesant le sang des Animaux, en comptant leurs vertèbres et en demandant à leur organisation matérielle la raison de leurs plus nobles penchants.

« Aux Animaux seuls il appartient donc de raconter les douleurs de leur vie méconnue, et leur courage de tous les instants, et les joies si rares d’une existence sur laquelle la main de l’homme s’appesantit depuis quatre mille ans. »