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À PARIS.

dus à son rang. Le Gouvernement français s’est empressé de venir à sa rencontre ; on lui a offert une voiture élégante, ornée de barreaux en fer creux qu’on lui fit admirer comme un des progrès de l’industrie moderne. Nous fûmes nourris des viandes les plus recherchées, et nous n’avons eu qu’à nous louer des procédés de la France. Le prince fut embarqué, par égard pour la race Animale, sur un vaisseau appelé le Castor. Conduits par les soins du gouvernement français jusqu’à Paris, nous y sommes logés aux frais de l’État dans un délicieux séjour appelé le Jardin du Roi, où le peuple vient nous voir avec un tel empressement, qu’on nous a donné les plus illustres savants pour gardiens, et que, pour nous préserver de toute indiscrétion, ces messieurs ont été forcés de mettre des barres de fer entre nous et la foule. Nous sommes arrivés dans d’heureuses circonstances, il se trouve là des ambassadeurs venus de tous les points du globe.

« J’ai lorgné, dans un hôtel voisin, un Ours blanc venu d’outre-mer pour des réclamations de son gouvernement. Ce prince Oursakoff m’a dit alors que nous étions les dupes de la France. Les Lions de Paris, inquiets de notre ambassade, nous avaient fait enfermer. Sire, nous étions prisonniers.

« — Où pourrons-nous trouver les Lions de Paris ? lui ai-je demandé.

« Votre Majesté remarquera la finesse de ma conduite. En effet, la diplomatie de la Nation Lionne ne doit pas