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SOUVENIRS D’UNE VIEILLE CORNEILLE.

la Lézarde se serait bien gardée de parler, l’orage parlait mieux qu’elle. Le Lézard inquiet tournait la tête de côté et d’autre, et se demandait si c’en était fait de la pompe de ce beau jour ; un grand combat se livrait dans son âme, et, pour la première fois, il se disait que les jours sans soleil devaient être bien longs.

Un coup de tonnerre annonça que le soleil était vaincu et que les nuages allaient s’ouvrir.

La Lézarde attendait toujours, et Dieu sait avec quelle mortelle impatience son cœur battait dans sa petite poitrine.

— Tu es une bonne Lézarde, lui dit enfin le Lézard vaincu à son tour, tu ne mourras pas.


VII.


Comment dire le ravissement de la pauvre Lézarde, et combien elle était charmée d’être au monde, et combien étaient joyeux les petits sifflements qui sortaient de sa poitrine délivrée ; elle se redressait sur ses petits pieds, et elle faisait la fière, et elle était si glorieuse qu’elle avait tout oublié. Il était bien question vraiment de ses peines passées ! Le Lézard, content de voir cette joie qu’il avait faite, trouva sa petite Lézarde charmante ; il partagea aussitôt avec elle une goutte de rosée qui s’était tenue fraîche dans la corolle d’une fleurette (ce qui est la manière de se marier entre Lézards), et ce fut une affaire terminée.