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À QUOI TIENT LE CŒUR D’UN LÉZARD.

aussi que le plus grand de ses ancêtres ne l’aurait pu grandir d’une ligne ni ajouter seulement un anneau aux anneaux de sa queue, il se souciait fort peu de son origine et ne s’inquiétait guère d’être né d’un œuf imperceptible ou d’un gros œuf, pourvu qu’il fût né de manière à être heureux ; et il l’était. Il ne se serait pas dérangé d’un pas pour aller contempler ce qui restait de ses pères, dont il ne restait que des os, si honorable qu’il fût pour ces restes illustres d’être conservés à Paris dans le Jardin des Plantes, ce tombeau de noble famille, comme disait le Geai huppé.

Enfin, sans avoir les faiblesses contraires, il n’avait point de faiblesses aristocratiques, et n’aurait pas refait la Genèse pour s’y donner une plus belle place. — Il était content de son sort, et du moment où le soleil brillait pour tout le monde, peu lui importait le reste.


II.


Qui le croira ? Au dire de toutes les Lézardes des environs, il manquait quelque chose à un Lézard si bien doué, puisque aucune d’elles n’avait encore trouvé le chemin de son cœur. Ce n’était pas que beaucoup ne l’eussent cherché. Mais hélas ! le plus beau des Lézards était aussi le plus indifférent de tous, et il ne s’était même pas aperçu du bien qu’on lui voulait.

C’était vraiment dommage, car il ne s’était peut-être