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D’UNE VIELLE CORNEILLE.

lieux qui les ont vus naître, sans souci de ce qui se passe plus loin que leur horizon, et meurent, sinon heureux, du moins tranquilles. Mais qui sait si cette sagesse ne vient pas de la sécheresse de leur cœur ou de l’impuissance de leurs ailes ?

Personne n’a mieux répondu a cette question : « Pourquoi voyage-t-on ? » qu’un grand écrivain de notre sexe. « On voyage, a dit Georges Sand, parce qu’on n’est bien nulle part ici-bas. » — Il est donc juste que rien ne s’arrête, car rien n’est parfait, et l’immobilité ne conviendrait qu’à la perfection.

Pour moi, j’ai voyagé. Non pas que je fusse née d’humeur inquiète ou voyageuse ; bien au contraire, j’aimais mon nid et les courtes promenades.




« À quoi bon ces interminables considérations au début de votre récit ? me dit un de mes vieux amis, mon voisin, auquel il m’arrive parfois de demander conseil, en me réservant toutefois de ne faire que ce que je veux. Ce n’est pas parce que vous vous occupez de philosophie, d’archéologie, d’histoire, de physiologie, etc., etc., qu’il vous faut donner de tout cela à vos lecteurs autant qu’il vous convient d’en prendre pour vous-même. Vous passerez pour une pédante, pour un philosophe emplumé ; on vous renverra en Sorbonne, et, qui pis est, on ne vous lira pas. N’allez-vous pas faire un résumé scrupuleux de tout ce