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DE PISTOLET.

J’avais pourtant quelque chose là ! Or, ce quelque chose qu’il avait là, c’étaient les nobles instincts du chasseur, c’était le nez du Limier qui fait lever la Bête fauve, c’était l’ardeur vigilante du Chien courant, c’était la patiente ardeur du Chien d’arrêt, c’étaient tous les bonheurs de la chasse aux jours de l’automne. Tels étaient les instincts du noble Animal ; mais, contrairement au vœu de la nature, de ce chasseur on a fait un faiseur de feuilletons, de ce Nemrod on a fait un abbé Geoffroy, de cet ardent coureur dans les forêts de Chantilly à la suite des princes de vingt ans, on a fait un mouchard de théâtres et de coulisses. — L’ennui a tué Pistolet ; il est mort de chagrin et de misère, il est mort le dernier des faiseurs de feuilletons. Que si vous lui aviez donné à poursuivre un Cerf dix cors, et non pas des comédiens dix corps, Pistolet serait aujourd’hui aussi bien portant que vous et moi.

Un monument d’une grande simplicité sera élevé aux frais des amis du critique novice. — On souscrit ici. — Jusqu’à présent, nous n’avons même pas reçu cinquante centimes pour contribuer à l’érection de ce monument funèbre. Quoi d’étonnant ? Notre ami Pistolet avait loué tout le monde, il n’avait blessé personne ; il avait si peu d’ennemis et tant d’amis !

Mais ce qui coûte moins cher que le tombeau le plus modeste, ce sont des vers funèbres. Voici un petit distique improvisé sur feu Pistolet, par un poëte de ce temps-ci,