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UN RENARD

Breloque n’était pas accoutumé à me voir entrer aussi complétement dans ses idées. Il en fut flatté.

— Monsieur, dit-il avec un son de voix où perçait le contentement de soi-même, j’ai réfléchi sur bien des choses, quoique je n’en aie pas l’air ; il ne me serait pas malaisé d’acquérir une grande réputation si j’écrivais toutes les idées saugrenues qui me passent par la tête, et celle-là ne sera pas usurpée.

— À propos de réputation usurpée, voyons donc l’histoire de votre Renard. Vous abusez de la permission que je vous ai donnée de m’ennuyer avec celle-là, pour m’ennuyer avec une autre ; cela n’est pas loyal.

— Tout ceci, Monsieur, n’est qu’un détour fort subtil qui va nous reconduire à l’endroit d’où nous sommes partis. Je suis maintenant tout à vous, et je ne me permettrai plus de vous adresser qu’une seule question. Que dites-vous de la chasses aux Papillons ?

— Mais, malheureux ! vous parlerez donc de tous les Animaux qui peuplent la terre et les mers, excepté de celui qui m’occupe ? Vous oubliez son horrible caractère ; vous ne le devinez pas, le traître, sous le masque hypocrite qui le cache, séducteur de pauvres Poulettes, dupeur de sots Corbeaux, étourdisseur de Dindons, croqueur de Pigeons écervelés ; il épie une victime, il la lui faut, il l’attend. Vous lui faites perdre son temps, à cette bête, et à moi aussi.

— Que de calomnie ! reprit-il d’un air résigné ; enfin,