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D’UN MOINEAU DE PARIS.

comme un moyen malheureux, dont il est impossible de se passer, mais nous ne souffrons pas qu’il s’immisce dans le gouvernement.

— Tu t’immisceras ! Viens, mon ange, lui dit gracieusement Thalabath, ne les écoute pas. Je suis la reine, moi ! Je puis beaucoup pour toi : tu seras d’abord le commandant de mes porte-aiguillons ; mais si, en général, tu m’obéis, je t’obéirai en particulier. Et nous irons nous rouler dans les fleurs, dans les roses, nous danserons à midi sur les nectaires embaumés, nous patinerons sur la glace des lis, nous chanterons des romances dans les cactus, et nous oublierons ainsi les soucis du pouvoir…

Je fus surpris d’une chose, qui ne regarde pas le gouvernement, mais que je ne puis m’empêcher de consigner ici, c’est que l’amour est absolument le même partout. Je livre cette observation à tous les Animaux, en demandant qu’il soit nommé une commission pour examiner ce qui se passe chez les Hommes.

— Ma chère, dis-je à l’Ouvrière, ayez la bonté de dire à la vieille reine Tithymalia qu’un étranger de distinction, un Pierrot de Paris, désirerait lui être présenté.

Tithymalia devait bien connaître les secrets de son propre gouvernement, et comme j’avais remarqué le plaisir qu’elle prenait à bavarder, je ne pouvais m’adresser à personne qui me donnât de meilleurs renseignements : le silence avec elle devait être aussi instructif que la parole. Plusieurs Abeilles vinrent m’examiner pour savoir si je ne