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VOYAGE

Il y eut alors un gazouillement général qui menaçait d’étourdir les législateurs de la Chambre, lesquels, sous ce rapport, craignent la concurrence et tiennent à s’étourdir eux-mêmes. Il sortit quelque chose de ce tumulte : tout tumulte, chez les Oiseaux comme chez les Hommes, annonce un fait. Un tumulte est un accouchement politique. On émit la proposition, approuvée à l’unanimité, d’envoyer un Moineau franc, impartial, observateur et instruit, à la recherche du Droit-Animal, et chargé de comparer les divers gouvernements. On me nomma. Malgré nos habitudes sédentaires, je partis en qualité de procureur général des Moineaux de Paris : que ne fait-on pas pour sa patrie !

De retour depuis peu, j’apprends l’étonnante Révolution des Animaux, leur sublime résolution prise dans leur nuit célèbre au Jardin des Plantes, et je mets la relation de mon voyage sur l’autel de la patrie, comme un renseignement diplomatique dû à la bonne foi d’un modeste philosophe ailé.


I

Du Gouvernement formique.


J’arrivai, non sans peine, après avoir traversé la mer, dans une île appelée assez orgueilleusement la Vieille Formicalion par ses habitants, comme s’il y avait des portions de globe plus jeunes que les autres[1]. Une vieille Corbine ?

  1. La fausseté de cette opinion m’a été démontrée par une aimable Coralline de la mer Polynésique emmenée en captivité par des Poissons, et qui regrettait