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GUIDE-ÂNE

quart d’acre, au bout de laquelle se trouve une belle cabane construite en buches d’acajou. Une espèce de constable est attaché à ma personne, à cinquante livres sterling d’appointements.

— Mon cher, lui dit le savant faiseur de puffs décoré de la Légion-d’Honneur, si tu veux garder tes appointements aussi longtemps que vivra cet Âne, aie soin de ne jamais lui laisser reprendre son ancienne allure, et saupoudre toujours les raies qui en font un Zèbre avec cette liqueur que je te confie et que tu renouvelleras chez un apothicaire.

Depuis quatre ans, je suis nourri aux frais du Zoogical-Garden, où mon gardien soutient mordicus aux visiteurs que l’Angleterre me doit à l’intrépidité des grands voyageurs anglais Fenmann et Dapperton. Je finirai, je le vois, doucement mes jours dans cette délicieuse position, ne faisant rien que de me prêter à cette innocente tromperie, à laquelle je dois les flatteries de toutes les jolies miss, des belles ladies qui m’apportent du pain, de l’avoine, de l’orge, et viennent me voir marcher des deux pieds à la fois, en admirant les fausses zébrures de mon pelage sans comprendre l’importance de ce fait.

— La France n’a pas su garder l’Animal le plus curieux du globe, disent les Directeurs aux membres du Parlement.

Enfin je me mis résolument à marcher comme je marchais auparavant. Ce changement de démarche me rendit