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GUIDE-ÂNE

Le journaliste, nommé sous-bibliothécaire au Jardin des Plantes, commençait à faire tympaniser dans les petits journaux le grand philosophe : on le regardait comme un rêveur, comme l’ennemi des savants, comme un dangereux panthéiste, on s’y moquait de sa doctrine.

Ceci se passait pendant les tempêtes politiques des années les plus tumultueuses de la révolution de juillet. Marmus acheta sur le champ une maison à Paris, avec le produit de son prix et de la gratification ministérielle. Le voyageur fut présenté à la cour, où il se contenta d’écouter. On y fut si enchanté de sa modestie, qu’il fut aussitôt nommé conseiller de l’Université. En étudiant les Hommes et les choses autour de lui, Marmus comprit que les cours étaient inventés pour ne rien dire, il accepta donc le jeune perroquet que le baron Cerceau lui proposa, et dont la mission était, en exposant la science des Instincts Comparés, d’étouffer le fait du Zèbre en le traitant d’une exception monstrueuse : il y a, dans les sciences, une manière de grouper les faits, de les déterminer, comme en finance, une manière de grouper les chiffres.

Le grand philosophe, qui n’avait ni places à donner, ni aucun gouvernement pour lui autre que le gouvernement de la science à la tête de laquelle l’Allemagne le mettait, tomba dans une tristesse profonde en apprenant que le cours des Instincts Comparés allait être fait par un adepte du baron Cerceau, devenu le disciple de l’illustre Marmus. En se promettant le soir sous les grands mar-