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DE JUSTICE ANIMALE.

On choisit à cet effet un Dindon, savant docteur décoré, qui s’était acquis une juste célébrité en découvrant, comme dit mon ami le Rat, rationem quare opium favit dormire. Ce docteur illustre constata que la Brebis était loin d’avoir succombé à une attaque de choléra-morbus, comme on aurait pu faussement l’avancer ; mais que le gosier ayant été entamé à l’aide d’un instrument non contondant, par une plaie de six centimètres de long, la mort avait été le résultat de la division de la veine jugulaire interne. »

Pour peindre la comparution du coupable devant ses juges, faisons un nouvel emprunt au journal désigné plus haut :

« Dès le matin, une multitude immense assiége les portes du prétoire ; l’autorité a pris des mesures pour prévenir le désordre. L’accusé est introduit. Il est pâle ; ses yeux sont noirs, mais sans éclat. Sa mise, quoique décente, n’a rien de recherché. On distingue à peine ses traits, qu’il semble vouloir dérober à la curiosité publique. Un vieux Corbeau, qui, entre vingt concurrents, a obtenu l’honneur de défendre le grand criminel, s’assied au banc de la défense en robe d’avocat.

« L’accusé répond avec fermeté aux questions d’usage. Lecture faite de l’acte d’accusation, le président demande au Loup ce qu’il peut alléguer pour sa justification.

« Le Loup se lève : « Monsieur le président, je suis innocent du crime dont on m’accuse. (Mouvement.) J’ai