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LES ANIMAUX

assistaient au spectacle d’un peuple trop heureux sous une dynastie trop généreuse. »

— Gazez, mon bon ami, gazez donc, interrompt le Renard ; tout arrive et tout s’en va, il faut donc ménager tout par prudence ou par générosité.

« Bref, reprend Médor intimidé (Médor, c’est le nom de notre héros), nous convînmes de former des écoles de médecine secrètes, et des facultés de chirurgie clandestines sous la présidence du Coq d’Esculape et du Serpent d’Hippocrate. — Il s’agissait de s’instruire, tout le monde voulut enseigner. Chaque Animal, dont une partie quelconque, un détritus, un débris avait autrefois été usité en médecine, prétendit créer la science et imposer son système. Lorsque chacun énumèra ses titres, il se trouva, chose étrange et dont je ne veux pas abuser contre le genre humain, que toutes les bêtes, depuis la plus petite jusqu’à la plus grosse, que toutes les espèces, depuis la meilleure jusqu’à la plus malfaisante, avaient autrefois été proposées et servies par les médecins des Hommes comme panacées universelles. Croiriez-vous qu’ils ont osé prescrire, c’est leur mot, le bouillon de Tortue contre la langueur, et la gelée de Vipère contre la malignité du sang ! »

— Médor, vous êtes instruit, et si jamais nous ajou-