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D’UNE CHATTE ANGLAISE.

ble avocat de mon adversaire, comment elle allait sur les gouttières avec un Chat français pour le convertir à la religion anglicane, tandis qu’elle y allait bien plutôt pour en revenir dire en bon français mon petit homme à son mari, pour écouter les abominables principes du papisme, et apprendre à méconnaître les lois et les usages de la vieille Angleterre !

Quand on parle de ces sornettes à un public anglais, il devient fou. Aussi des tonnerres d’applaudissements accueillirent-ils les paroles de l’avocat de Puck. Je fus condamnée, à l’âge de vingt-six mois, quand je pouvais prouver que j’ignorais encore ce que c’était qu’un Chat. Mais, à tout ceci, je gagnai de comprendre que c’est à cause de ses radotages qu’on appelle Albion la vieille Angleterre.

Je tombai dans une grande mischathropie qui fut causée moins par mon divorce que par la mort de mon cher Brisquet, que Puck fit tuer par une émeute, en craignant sa vengeance. Aussi rien ne me met-il plus en fureur que d’entendre parler de la loyauté des Chats anglais.

Vous voyez, ô Animaux français, qu’en nous familiarisant avec les Hommes, nous en prenons tous les vices et toutes les mauvaises institutions. Revenons à la vie sauvage où nous obéissons qu’à l’instinct, et où nous ne trouvons pas des usages qui s’opposent aux vœux les plus sacrés de la nature. J’écris en ce moment un traité politique à l’usage des classes ouvrières animales, afin de les engager à ne plus tourner les broches, ni se laisser