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PEINES DE CŒUR

My dear, lui dis-je, avez-vous le capital nécessaire pour payer les dommages-intérêts au vieux Puff ?

— Je n’ai pas d’autre capital, me répondit le Français en riant, que les poils de ma moustache, mes quatre pattes et cette queue.

Là-dessus il balaya la gouttière par un mouvement plein de fierté.

— Pas de capital ! lui répondis-je, mais vous n’êtes qu’un aventurier, my dear.

— J’aime les aventures, me dit-il tendrement. En France, dans les circonstances auxquelles tu fais allusion, c’est alors que les Chats se peignent ! Ils ont recours à leurs griffes et non à leurs écus.

— Pauvre pays ! lui dis-je. Et comment envoie-t-il à l’étranger, dans ses ambassades, des Bêtes si dénuées de capital ?

— Ah ! voilà, dit Brisquet. Notre nouveau gouvernement n’aime pas l’argent… chez ses employés : il ne recherche que les capacités intellectuelles.

Le cher Brisquet eut, en me parlant, un petit air content qui me fit craindre que ce ne fût un fat.

— L’amour sans capital est un non-sens ! lui dis-je. Pendant que vous irez à droite et à gauche chercher à manger, vous ne vous occuperez pas de moi, mon cher.

Ce charmant Français me prouva, pour toute réponse, qu’il descendait, par sa grand’mère, du Chat-Botté. D’ailleurs, il avait quatre-vingt-dix neuf manières d’emprunter