Page:Scènes de la vie privée et publique des animaux, tome 1.djvu/181

Cette page a été validée par deux contributeurs.
101
D’UNE CHATTE ANGLAISE.

et les fourberies que dans les questions de gouvernement, de politique extérieure et de cabinet.

On le traita de radical et de rêveur. « Nous sommes ici pour les intérêts des Chats de l’Angleterre, et non pour ceux du continent ! » dit un fougueux Matou tory. Milord dormait. Quand l’assemblée se sépara, j’entendis ces délicieuses paroles dites par un jeune Chat qui venait de l’ambassade française, et dont l’accent annonçait la nationalité :

« Dear Beauty, de longtemps d’ici la nature ne pourra former une Chatte aussi parfaite que vous. Le cachemire de la Perse et des Indes semble être du poil de Chameau, comparé à vos soies fines et brillantes. Vous exhalez un parfum à faire évanouir de bonheur un ange, et je l’ai senti du salon du prince de Talleyrand, que j’ai quitté pour accourir à ce déluge de sottises que vous appelez un meeting. Le feu de vos yeux éclaire la nuit ! Vos oreilles seraient la perfection même si mes gémissements les attendrissaient. Il n’y a pas de rose dans toute l’Angleterre qui soit aussi rose que la chair rose qui borde votre petite bouche rose. Un pêcheur chercherait vainement dans les abîmes d’Ormus des perles qui puissent valoir vos dents. Votre cher museau fin, gracieux, est tout ce que l’Angleterre a produit de plus mignon. La neige des Alpes paraîtrait rousse auprès de votre robe céleste. Ah ! ces sortes de poils ne se voient que dans vos brouillards ! Vos pattes portent mollement et avec grâce ce corps