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du Coran sur Jésus-Christ. D’autre part M. Garcin de Tassy a défini l’Islamisme « une grande aberration chrétienne »[1]. Le Rév. Dr. Hamlin, dans un discours prononcé en Amérique, va beaucoup plus loin en disant que « l’islamisme fut, en réalité, à plusieurs égards, une réformation du christianisme alors existant »[2]. Même en regardant cette dernière opinion comme évidemment excessive, et sans accueillir avec enthousiasme le conseil donné par Gustave Veil aux missionnaires chrétiens, de laisser de côté leurs dogmes inacceptables pour fondre avec le mahométisme épuré un christianisme actuel et rationaliste[3], on peut se demander s’il n’y a pas lieu de comprendre le monde de l’Islam dans ce que nous appellerons la totalité chrétienne historique. Devant des affirmations historiques et dogmatiques sur Jésus-Christ, déparées, sans doute par beaucoup d’étrangetés et d’erreurs, mais malgré tout si considérables, et dont plusieurs sont repoussées par plusieurs sectes et plusieurs partis de la chrétienté, on se demande s’il ne serait pas juste de dire, en prenant le mot de chrétien dans son sens large et extérieur : Mahomet et l’Islam sont chrétiens.

Notre conviction est toute contraire ; nous croyons que l’opinion générale ne se trompe pas en considérant le Mahométisme comme une religion spéciale. Ce n’est pas en numérotant des affirmations historiques ni même dog-

  1. La poésie philosophique et religieuse chez les Persans, 4e éd. Paris 1864. M. Garcin de Tassy ajoute : Avec les Sociniens les musulmans rejettent la divinité du Sauveur […] ; avec les Unitaires ils nient la Trinité, enfin comme les Quakers ils ne sont pas baptisés.
  2. V. M. Reymond, l’Islam et son Prophète, p. 128.
  3. Gust. Veil, Historisch-kritische Einleitung in den Koran Bielefeld 1844, p. 120.