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doctrine nouvelle s’étant répandue avec une rapidité prodigieuse, la théologie musulmane se développa, et dans la fierté de son succès n’admit pas que la Bible ne contînt pas une large prophétie messianique annonçant le révélateur du Coran. D’ailleurs ces théologiens, qui vivaient dans des pays chrétiens hier encore, et où la science chrétienne comptait encore de nombreux représentants, connaissaient l’Ancien et le Nouveau Testament beaucoup mieux que le fondateur de leur religion n’avait pu les connaître. Ils étudièrent donc les Livres Saints avec attention, et y découvrirent ce qu’ils y cherchaient. Sans doute leur respect pour l’infaillible Coran les obligeait à soupçonner avec lui les Juifs et les chrétiens d’avoir retranché bien d’autres passages ; mais ceux qui restaient leur suffisaient pour construire tout un système d’interprétation messianique. Les plus célèbres des passages qu’ils ont invoqués dans ce sens ont été réunis par M. Garcin de Tassy[1], mais pour une étude complète, il faut avoir la patience de consulter l’immense et indigeste mais savant travail de Marracci[2], et ses réfutations de l’exégèse de Ahmed fils d’Abdulhalim. L’exposé qui va suivre permettra de reconnaître dans les subtils et pourtant grossiers théoriciens de l’Islam les émules des Byzantins. Les passages même de l’Ancien Testament rentrent dans le cadre de notre étude, car plusieurs d’entre eux sont dérobés à la gloire de Jésus-Christ pour enrichir celle du prophète pillard, et d’ailleurs l’idée même d’une

    constate que les Musulmans se taisent lorsqu’on leur demande d’appuyer sur l’Écriture les prétentions de leur prophète.

  1. L’Islamisme etc. Paris 1874, 3e éd.
  2. Alcorani textus universus, Patavii 1698 in-fol. Première partie des réfutations.