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Jésus malgré le peu d’effet de ses miracles n’en a pas moins reçu une puissance tout-à-fait exceptionnelle et incomparable sur la nature. C’est une première manifestation de son excellence.

Une autre manifestation fut sa mission de prophète. Il était doublement prophète, nabi et raçoul : envoyé spécial de Dieu pour parler aux hommes, il recevait aussi un livre inspiré, l’Engil, l’évangile[1]. Naturellement cet Évangile, dont il est souvent question dans le Coran, n’était pas notre Nouveau Testament, ni un livre quelconque que l’on pût montrer ; c’était une révélation envoyée du ciel à Jésus, et analogue à celle que Mahomet recevait de Gabriel. Les chrétiens comme les Juifs (nous le verrons dans notre dernier chapitre) ont falsifié leurs livres sacrés. Ce qu’il y avait de plus important dans le véritable Engil, c’est l’enseignement de Jésus tel que Mahomet le résume[2] : confirmation de la loi mosaïque, non sans quelques adoucissements portant sur les pratiques et sur les choses défendues ; avertissements sévères à un peuple dégénéré qui s’était rendu coupable d’incrédulité et du meurtre des prophètes[3] ; prédication du culte du vrai Dieu, d’Allah unique qui réclame l’obéissance et l’adoration des mortels. Le prophète arabe n’en savait pas davantage sur l’enseignement de celui qu’il regardait comme le dernier et le plus grand prophète d’Israël. Mais ce qui nous paraît très-pauvre à nous qui connaissons le véritable enseignement du Maître, paraissait très-riche au déiste enthousiaste qui faisait consister toute la religion dans la soumission au

  1. V. l’article Engil dans d’Herbelot.
  2. S. III, v. 43, 44 et autres passages déjà cités.
  3. S. VI, v. 91 ; S. V, v. 74 et 82.