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d’émotion mouillèrent la barbe du Négus, et les évêques qui l’entouraient se montrèrent favorables : « Voilà, disait-on, des paroles qui émanent de la même source d’où émanaient celles de Jésus. » Le lendemain, Amr et Abdallah crurent prendre leur revanche en faisant porter la discussion sur la personne de Jésus, mais ils étaient loin du compte. Lorsque Djafar fils d’Abou-Taleb eut défini Jésus, dans les termes mêmes du Coran : « le serviteur de Dieu, l’envoyé du Très-Haut, l’Esprit de Dieu, le Verbe descendu dans le sein de la Vierge Marie » ; c’est fort bien, dit le Négus, et ramassant à terre une petite baguette, il ajouta : « Entre ce que tu viens de dire de Jésus et ce qu’en dit notre religion, il n’y a pas l’épaisseur de cette baguette comme différence. »

Le Négus n’était pas grand théologien, il y avait entre les deux religions plus que l’épaisseur d’une baguette, et l’on s’explique les murmures que sa phrase fit naître parmi ceux qui l’entouraient. Son illusion n’en est pas moins la preuve que Mahomet réussissait dans cette politique d’appel et d’avances aux chrétiens arabes qui leur empruntait précisément alors leur vocable de Rahman, véritable nom de Dieu employé plus tard comme un attribut. Jésus est donc né de l’Esprit, il est Verbe ou Parole de Dieu : comment se manifeste son excellence ?

Elle se manifeste, ainsi que nous l’avons vu, par son pouvoir miraculeux, qui va jusqu’à ressusciter les morts. Mais nous avons vu également que malgré ses miracles, il ne rencontrait guère chez les Juifs que l’incrédulité. Pourquoi Mahomet insiste-t-il sur cette impuissance des miracles à convaincre ? Parce que lui-même n’avait pas ce pouvoir, qu’il reconnaissait à Jésus dans le passé ; il