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l’abord, celle de savoir si Mahomet a cru que Marie mère de Jésus était la sœur de Moïse. La supposition paraît absurde, elle ne l’est pas. Tandis que les évangiles canoniques se taisent sur les ascendants de Marie (à moins que la généalogie de Luc III, 23 s. ne doive lui être attribuée, ce qui d’ailleurs n’aurait ici aucun intérêt), tandis que les apocryphes la font naître de Joachim et d’Anna, le Coran ignore ces derniers noms, ne nomme pas la mère de la Vierge, et nomme son père Imran ou Amran. Or, rapprochons de deux passages de la Bible qui indiquent Amran comme le père de Moïse d’Aaron et de Marie[1] ces deux passages du Coran : « Lorsque l’épouse d’Imran eut enfanté, elle dit : Seigneur j’ai mis au monde une fille, et je l’ai nommée Mariam ; je la mets sous ta protection, elle et sa postérité, afin que tu les préserves des ruses de Satan […] Et Marie, fille d’Imran, qui conserva sa virginité, nous lui inspirâmes une partie, de notre esprit »[2]. Ajoutons que Marie mère de Jésus est appelée sœur d’Aaron[3], et l’on comprendra que de nombreux critiques, même en dernier lieu le rév. Mühleisen-Arnold[4], aient attribué à Mahomet ce monstrueux anachronisme, de faire de Marie la sœur et de Jésus le propre neveu de Moïse.

Nous ne croyons cette énormité ni démontrée ni même possible, et l’argumentation de Gerock nous paraît victorieuse sur ce point. Ce qui est clair, c’est que Mahomet, ou son conseiller, a été induit en une de ses nombreuses méprises par le nom de Marie. Mais il ne s’ensuit pas

  1. Exode VI, 18, 20 ; 1 Chron. V, 28, 29.
  2. S. III, v. 31 ; S. LXVI, 12.
  3. S. XIX, v. 29.
  4. l. cit. ch. V. — Le plus ancien est peut-être Euthymius.