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quelques échos confus des évangiles canoniques, des souvenirs beaucoup plus précis et détaillés du contenu des évangiles apocryphes, notamment de l’évangile arabe de l’enfance, à tendances nestoriennes[1] : récits retenus, malgré plusieurs erreurs, par cette fidèle mémoire arabe, qui n’oublie ni les offenses ni les généalogies.

Y avait-il avec cela, outre les opinions tranchées des sectes que nous avons passées en revue, du gnosticisme ? A priori, pourquoi pas ? Les fantaisies gnostiques semblent, il est vrai, se prêter mal aux arêtes tranchantes du monothéisme musulman, et Gerock a raison de faire remarquer que rien n’est moins gnostique que d’affirmer la pure et réelle humanité de Christ.[2] Mais le gnosticisme est une forme toujours prête de l’esprit oriental, et il s’est formé plus tard chez les Druses, les Assassins, une véritable gnose musulmane.[3] Quant à l’argument de Gerock que le gnosticisme était fini depuis longtemps, même celui des Valentiniens et des Basilidiens qui avait tenu bon jusqu’au milieu du cinquième siècle, il n’est pas concluant du tout. Est-ce que ces choses-là disparaissent ? Elles plongent dans la nuit de l’oubli, puis tout-à-coup elles reparaissent sous un autre nom. En fait, il est difficile d’expliquer autrement que par une tradition gnostique la

  1. M. Nicolas y remarque (p. 347 de ses Études sur les évangiles apocryphes) la distinction nestorienne entre l’homme et le Seigneur, l’un appelé rab maitre, l’autre alsid dominateur, comme aussi certaines histoires d’un caractère nestorien, Jésus prédit par Zoroastre, les deux voleurs rencontrés dans la fuite en Égypte.
  2. Gerock, l. cit. p. 13, contre Cludius Muhammed’s Religion. Altona 1809, p. 478.
  3. V. Silvestre de Sacy, Exposé de la religion des Druses, Paris, 2 v. 1838, et St. Guyard, Un grand-maitre des Assassins au temps de Saladin, Paris 1877.